13 janvier 1898 : "J'accuse ...!" de Zola

Il est rare de se souvenir d'une Une de journal, mais même 118 ans après on a tous en mémoire la Une de l'Aurore du 13 janvier 1898.
Cet article est rédigé au cours de l'affaire Dreyfus par Émile Zola sous la forme d'une lettre ouverte au président de la république de l'époque, Félix Faure.
En 1898 EmileZola est déjà un grand romancier reconnu, très populaire avec notamment sa fresque des Rougon-Macquart. Depuis 1894 la IIIème République est secoué par l'affaire Dreyfus, du nom de ce capitaine français d'état-major juif, accusé d'avoir livré à l'Allemagne des documents. Nous sommes à peine plus de 20 ans après la capitulation de Sedan et la perte de l'Alsace et de la Lorraine ! Dans un contexte de montée de l'antisémitisme, Alfred Dreyfus est vite condamné à perpétuité et envoyé à l'île du diable en Guyane. Pourtant grâce à la mobilisation de sa famille, le véritable traitre, le commandant Estehazy est découvert, ce qui n'empêche pas son acquittement et la poursuite de la condamnation de Dreyfus. C'est contre ce scandale que le grand romancier va s'élever dans cet article choc grâce à la complicité de George Clemenceau, son éditorialiste qui connaîtra ensuite la carrière politique que l'on sait.
Le pamphlet s'arrache par centaines de milliers en quelques heures, Zola étant un écrivain au sommet de sa gloire et le retentissement est énorme. Pourtant il risque gros, et il sera effectivement condamné lourdement pour les accusations nominatives qu'il porte contre les protagonistes de l'affaire donc le ministre de la guerre et le chef d'état-major de l'armée. Mais son procès est l'occasion de mettre encore plus la lumière sur les failles et manquements de l'accusation contre Dreyfus ce qui entraînera une révision du procès de ce dernier en 1899 et sa réhabilitation en 1906, 12 ans après la condamnation de l'innocent. En attendant Zola s'exile suite à sa condamnation.
Par article dont le style est inégalé révèle un talent oratoire au service d'un engagement. Zola s'inscrit ainsi dans la lignée de Victor Hugo quand il mettait son talent à combattre le second empire, en prenant pour sa part la défense d'un homme et de la vérité !
Je prends toujours un grand plaisir à relire cet article d'une puissance stupéfiante et parfois à le clamer !

https://fr.m.wikisource.org/wiki/J’accuse…!

Émile Zola va payer de son vivant cet engagement juste Par les critiques et insultes quotidiennes des anti-dreyfusards et il mourra intoxiqué dans son lit par un feu de cheminée mal éteint, sans que l'on ait pu écarter définitivement l'acte criminel. Sa mort a un retentissement bien au-delà de la France et l'émotion est immense ce qui n'empêche pas les antisémites de s'en réjouir ... La postérité lui rendra largement hommage de son engagement et ses cendres sont rapidement transférées au Panthéon.